Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/118

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son ron ron le bourdonnement des fileuses. Le chasseur et moi nous étions assis chacun sur un escabeau, et la matrone veillait au ménage.

Puss, s’écria la dame, allons vite, décampons ! Tu m’avais bien dit, cette nuit, qu’il pleuvrait dans la journée, et tes griffes rusées pourraient maintenant nous donner de pires nouvelles. Incontinent Puss quitta la cheminée et courut sauter sur un lit où, s’étant roulé en boule, il s’arrangea pour un bon somme. — Je demandai au mari ce que signifiaient ces paroles de sa femme. — Ah ! me répondit-il, la brave femme a parfois de drôles d’idées ; elle croit aux pronostics de toutes sortes d’animaux. Quant à ce qu’elle disait du chat, cela se rapporte aux incendies des bois autour de nous. Et quoiqu’il n’y en ait pas eu depuis longtemps, elle les redoute encore autant que jamais ; et, en effet, elle et moi, ainsi que chacun de nous, n’avons que trop de raisons de les craindre, en nous rappelant les maux qu’ils nous ont causés. — J’avais lu de ces grands incendies auxquels mon hôte faisait allusion ; souvent j’avais observé avec tristesse l’apparence désolée des forêts, et je me sentis un vif désir de connaître quelque chose des causes qui pouvaient produire de si terribles accidents. Aussi le priai-je de me raconter ce qu’il en avait pu voir par lui-même ; et c’est ce qu’il s’empressa de faire à peu près dans ces termes :

Il y a environ vingt-cinq ans, les mélèzes furent attaqués par des insectes qui les firent presque tous périr en coupant leurs feuilles ; car vous saurez que bien