Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/119

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que les autres espèces ne soient pas tuées par la perte des feuilles, celles qu’on appelle des arbres verts le sont infailliblement. Quelques années après cette destruction du mélèze, les mêmes insectes attaquèrent les sapins, les pins et autres arbres résineux, et cela avec un tel acharnement, qu’en moins de six ans ils commencèrent à tomber et à s’amonceler dans toutes les directions, si bien que la surface entière du pays en fut bientôt encombrée. Vous vous imaginez, lorsqu’ils furent en partie secs ou convenablement préparés, quel bois de chauffage c’était là ; mais aussi quel aliment pour les dévorantes flammes qui par accident, ou peut-être par intention, ravagèrent ensuite la contrée : il y en eut qui continuèrent à brûler pendant des années, interrompant dans maints endroits toute communication sur les routes, et, par la nature de ces matières résineuses, s’entretenant avec d’autant plus de facilité et se propageant à travers les couches profondes des feuilles sèches et les amas des autres arbres. — Ici je l’interrompis, le priant de me donner une idée de la forme de ces insectes qui avaient causé un tel désastre.

Ces insectes, dit-il, sous leur forme de chenille, avaient comme trois quarts de pouce de long et étaient aussi verts que les feuilles qu’ils dévoraient. Je dois vous dire aussi qu’en nombre de lieux sur lesquels le feu passa, il parut bientôt une nouvelle pousse de bois, de celui que nous autres bûcherons appelons du bois dur, et qui est d’une tout autre espèce que les arbres verts. Et c’est une remarque que j’ai constamment faite : toutes les fois que la première nature d’une forêt