Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/131

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position de leurs jambes, qui sont placées très en arrière ; de là vient aussi qu’ils ne peuvent se tenir droits, mais sont obligés de s’appuyer la gorge par terre ou sur la branche et quand ils s’y posent, c’est toujours de côté. Néanmoins, ils le font avec assez d’aisance, et s’accroupissent tantôt sur un arbre ou sur une clôture, parfois sur le faîte d’une maison ou d’une grange. Dans ces diverses situations, on les approche facilement. J’en ai vu de perchés sur une palissade ou un petit mur, qui me laissaient venir à quelques pieds d’eux et semblaient, avec leurs grands yeux doux, me regarder plutôt comme ami que comme ennemi. Cependant ils ne manquaient pas de partir aussitôt que, dans mes mouvements, quelque chose leur avait paru suspect. Comme je l’ai dit, ils crient par intervalles, pendant qu’ils sont ainsi posés ; et quand ils s’arrêtent sur les arbres de nos villes, il est rare qu’ils n’attirent pas l’attention des passants.

Dans la Louisiane, les créoles français appellent cet oiseau crapaud volant, et chauve-souris en Virginie ; mais le nom sous lequel on le connaît le plus communément, est celui de faucon de nuit. La beauté, non moins que la rapidité de son vol, le fait avidement rechercher des amateurs de chasse ; sa chair d’ailleurs n’est pas, tant s’en faut, désagréable. On en tue des milliers en automne, lors de leur retour du sud, et c’est aussi le moment où ils sont gras et pleins de jus. Parfois encore ils plongent en se jouant dans les airs ; mais le bourdonnement de leurs ailes est bien moins remarquable que pendant la saison des amours.