Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/139

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enfants et d’autres hommes, que mon hôte m’apprit être, ainsi que lui, des bûcherons. Le souper fut placé sur une large table ; et comme on m’engageait à y prendre part, je ne me fis pas prier, et m’en tirai de mon mieux, pour leur aider à vider les écuelles d’étain et les plats que nous apportait l’accorte ménagère. Alors on se mit à parler du pays, de son climat, de ses productions ; mais il commençait à se faire tard, et nous nous étendîmes sur des peaux d’ours où nous dormîmes jusqu’à la pointe du jour.

J’avais grande envie d’accompagner ces hardis travailleurs au bouquet, où ils étaient en train d’équarrir des chênes-saules pour la construction d’un vaisseau de guerre. Armés de haches et de fusils, et laissant la maison à la garde de la femme et des enfants, nous partîmes et eûmes à traverser, sur une étendue de plusieurs milles, une de ces landes plantées de pins que j’ai essayé de vous décrire. Chemin faisant, un beau dindon fut abattu ; et en arrivant au chantier établi non loin du bouquet, nous trouvâmes une autre troupe de bûcherons qui avaient voulu nous attendre avant de se mettre au déjeuner, tout préparé déjà par les soins d’un nègre auquel nous consignâmes notre dindon, avec ordre de le faire rôtir pour une part du dîner.

Le repas fut excellent et valait bien un déjeuner du Kentucky : on nous servit bœuf, poisson, pommes de terre, avec accompagnement d’autres végétaux, du café dans des tasses d’étain, et du biscuit à discrétion. Chaque convive paraissait en train, de bon appétit, et bientôt la conversation prit un tour des plus joyeux. Cepen-