Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/140

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dant le soleil se montrait au-dessus des arbres ; et tous, sauf le cuisinier, nous nous dirigeâmes vers le bouquet du côté duquel je n’avais cessé de regarder avec impatience, m’y promettant le plaisir d’une rare partie. Il se trouva que mon hôte était le chef de la troupe, et, bien qu’il eût aussi sa hache, il ne s’en servait que pour enlever çà et là des plaques d’écorce de certains arbres d’une santé douteuse. Non-seulement il était très versé dans sa profession, mais, du reste, intelligent, et c’est lui qui me fournit les renseignements suivants dont je pris note :

Les hommes qui s’emploient ainsi à couper les chênes-saules, après avoir découvert quelque bouquet de bonne apparence, se bâtissent auprès des chantiers avec de grosses souches, pour s’abriter pendant la nuit et prendre leurs repas le jour. Leurs provisions se composent de bœuf, porc, pommes de terre, biscuit, farine, riz et poisson qu’ils ont soin d’arroser d’un excellent whisky. Ils sont tous vigoureux et actifs, viennent des parties est de l’Union, et reçoivent de forts gages, chacun suivant sa capacité. Leurs travaux ne durent que quelques mois. D’abord, on choisit les bouquets situés sur le bord des rivières navigables ; mais, quand on ne peut faire autrement, le bois est quelquefois traîné, cinq ou six milles, au plus prochain cours d’eau sur lequel, bien que sujet à s’enfoncer, il peut, sans trop de mal, être convoyé jusqu’à destination. Le meilleur temps pour abattre ces chênes, c’est, d’après eux, du 1er décembre au commencement de mars, lorsque la séve est tout à fait descendue. Quand la séve circule,