Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/143

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dans quelque réduit plus solitaire… Qu’il persiste à l’y suivre, sans laisser se ralentir son ardeur ; et bientôt, n’en doutez pas, ils reproduiront la même scène de félicité que le couple qui est au-dessous d’eux.

La tourterelle annonce le retour du printemps ; il y a mieux : on oublie l’hiver et ses frissons, en entendant ses roucoulements si mélancoliques et si doux. C’est que son cœur est déjà tellement enflammé, tellement gonflé par la passion, qu’il ne cherche qu’à s’épancher ; comme demandent à s’épanouir les boutons de la jeune tige, sous la féconde influence des premières chaleurs.

Son vol est extrêmement rapide et très soutenu ; quand on l’a surprise et qu’elle s’enlève de terre ou de dessus la branche, ses ailes produisent une sorte de sifflement qui retentit à une distance considérable. Alors on la voit souvent tournoyer en l’air d’une façon bizarre, comme pour essayer la puissance de son vol. Rarement elle monte haut au-dessus des arbres ; et rarement aussi elle s’engage au travers des bois épais et des forêts ; mais elle préfère côtoyer leurs bords et s’ébattre aux alentours des haies et des champs. Au printemps néanmoins, et pendant que la femelle est sur ses œufs, le mâle se met parfois à battre fortement des ailes, et semble vouloir s’élever à une grande hauteur ; mais tout à coup il redescend en décrivant un large cercle ; puis nageant doucement, la queue et les ailes étendues, il revient se poser sur l’arbre où est sa compagne, ou sur quelque autre très voisin. Ces manœuvres sont fréquemment répétées durant les