Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/145

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posé de petites bûchettes entrecroisées, mais si peu rapprochées l’une de l’autre, qu’elles semblent à peine suffisantes pour empêcher les œufs ou les petits de tomber.

La tourterelle de la Caroline fait sa retraite habituelle parmi les longues herbes qui poussent dans les champs abandonnés, au pied des tiges sèches de maïs, sur la lisière des prés ; on ne la trouve qu’accidentellement sur les arbres à feuilles mortes, de même que sur certaines espèces d’arbres toujours verts ; mais dans un lieu ou dans un autre, elle s’enfuit toujours à l’approche de l’homme, quelque obscure que soit la nuit : ce qui prouve l’excellence de sa vue, même dans les ténèbres. Quand elles reposent par terre, elles n’aiment pas à se placer l’une près de l’autre ; mais quelquefois les divers individus d’une seule troupe paraissent éparpillés presque également sur toute la surface d’un champ. Elles diffèrent totalement, par cette particularité, des pigeons voyageurs qui s’entassent en masses compactes à l’extrémité des mêmes branches, pour passer la nuit. Cependant les tourterelles, ainsi que les pigeons, se plaisent à revenir au même perchoir, et souvent de distances considérables. Certains individus se mêlent parfois avec les pigeons sauvages, comme ceux-ci, de temps en temps, avec nos tourterelles.

On peut dire que la tourterelle de la Caroline glane plutôt qu’elle ne moissonne sur les champs du laboureur, où elle se contente presque toujours de ravir quelques grains, à l’époque des semailles ; après quoi, elle s’adonne de préférence aux chaumes, quand les