Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/161

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lements des loups me donnaient enfin l’espoir de toucher bientôt à la lisière de quelque bois.

En effet, je ne tardai pas à en apercevoir un devant moi, et immédiatement mon regard fut frappé par l’éclat d’une lumière vers laquelle je me dirigeai, dans la ferme persuasion qu’elle provenait d’un campement d’Indiens errants. Je m’étais trompé. À sa clarté, je pus me convaincre qu’elle brillait dans l’âtre d’une pauvre et chétive cabane, et qu’entre moi et le foyer passait et repassait une grande figure, qui paraissait tout occupée des soins de son misérable intérieur.

J’approchai, et me présentant à la porte, je vis une grande femme à laquelle je demandai si je ne pourrais pas obtenir, sous son toit, un abri pour la nuit. Elle me répondit oui ; mais sa voix refrognée et ses haillons jetés négligemment autour d’elle n’annonçaient rien de bon. J’entrai cependant, pris une sellette de bois et m’assis tranquillement au coin du feu. Tout d’abord mon attention se porta sur un jeune Indien robuste et bien fait qui se tenait silencieusement, les coudes sur les genoux et la tête appuyée entre les mains. Auprès de lui un arc de fortes dimensions reposait contre les poutres grossières de la cabane, et à ses pieds étaient quantité de flèches et deux ou trois peaux de raton. Il ne faisait pas un mouvement et paraissait même ne pas respirer. Accoutumé à la manière d’être des Indiens, et sachant que la présence d’un étranger civilisé n’a pas le privilége de beaucoup exciter leur curiosité (circonstance qui, dans nombre de pays, est considérée comme une preuve de l’apathie de leur caractère), je lui adres-