Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ils marchent, leur queue s’ouvrant alors comme un éventail et se refermant l’instant d’après. Leur cri habituel ou d’appel consiste en une note très plaintive et qui ressemble à celle que fait entendre, en pareil cas, leur cousin germain, le merle roux, ou, comme on l’appelle communément, le moqueur français. Lorsqu’ils émigrent, leur vol est seulement un peu plus prolongé ; ils vont d’un arbre à l’autre, tout au plus traversent un champ d’une seule fois, et presque jamais ne s’élèvent plus haut que la cime de la forêt. Durant ces voyages, qui, le plus souvent, ont lieu de jour, ils se tiennent ordinairement dans les parties les plus hautes des bois, au voisinage des cours d’eau ; c’est là qu’ils exhalent leurs notes plaintives, et qu’ils se retirent également pour passer la nuit.

Les faucons n’osent guère les attaquer ; car quelque soudaine qu’ait été leur approche, le moqueur est prêt, non-seulement à se défendre vigoureusement et avec un courage indomptable, mais encore à faire la moitié du chemin contre l’agresseur et à le forcer d’abandonner son entreprise. Le seul qui puisse le surprendre est le faucon Stanley : celui-ci vole bas, avec une extrême rapidité, et semble enlever le merle comme en passant et sans s’arrêter. Mais si le rapace manque son coup, l’oiseau moqueur devient à son tour l’assaillant ; il poursuit le faucon avec intrépidité, tout en appelant au secours les autres oiseaux de son espèce. Sans doute il n’aura pas la force d’infliger un juste châtiment au maraudeur ; mais l’alarme donnée par ses cris se propage dans tous les bosquets d’alentour,