Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chasse moitié indien, moitié civilisé, les premières personnes que nous rencontrâmes commençaient à manifester de forts soupçons ; ce qu’ayant remarqué, le capitaine fit un signe, et la bannière semée d’étoiles fut hissée soudain à notre grand mât et salua joyeusement les pavillons de France et d’Angleterre. Alors nous fûmes parfaitement accueillis ; l’on nous fournit abondance de provisions fraîches ; et nous, tout heureux de nous retrouver encore une fois sur la terre ferme, nous traversâmes le village pour aller nous promener aux environs. Mais la nuit tombait ; il nous fallut rentrer dans notre maison flottante, d’où nous eûmes au moins la satisfaction d’envoyer des aubades répétées aux paisibles habitants du village.

Dès l’aurore, j’étais sur le pont, admirant le spectacle d’activité et d’industrie que j’avais devant les yeux. Le port était déjà rempli de bateaux pêcheurs employés à prendre des maquereaux, dont nous fîmes provision. Des signes de culture s’observaient aux pentes des montagnes, qui par endroits se couvraient d’assez beaux arbres ; non loin coulait une rivière qui avait creusé son lit entre deux rangs de rochers escarpés, et de côté et d’autre des groupes d’Indiens s’occupaient à chercher des écrevisses de mer, des crabes et des anguilles que nous trouvâmes tous abondants et délicieux. Un canot chargé de viande de renne s’approcha de nous, conduit par deux vigoureux Indiens qui échangèrent leur cargaison contre différents objets de la nôtre. C’était un plaisir de les voir, eux et leurs familles, cuire à terre leurs écrevisses : ils les jetaient