Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/231

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deviennent les teintes de son plumage. Il n’a qu’un souci : c’est de convaincre sa compagne de la constance et de la ferveur de son amour ; et le voilà qui glisse légèrement au-dessous d’elle, qui flotte dans l’air liquide ou qui navigue à ses côtés. Que je voudrais pouvoir, ô lecteur, vous rendre cette variété d’inflexions musicales au moyen desquelles ils s’entretiennent tous deux, durant leurs tendres voyages ; ces sons, je n’en doute pas, expriment la pureté de leur attachement conjugal confirmé et rendu plus fort par de longues années d’un bonheur goûté dans la société l’un de l’autre. C’est ainsi qu’ils se rappellent le doux souvenir des jours de leur jeunesse ; qu’ils se racontent les événements de leur vie ; qu’ils dépeignent tant de plaisirs partagés, et que peut-être ils terminent par une humble prière à l’Auteur de leur être, pour qu’il daigne les leur continuer encore.

Maintenant ont cessé leurs cris de reconnaissance et de joie. Voyez : le couple fortuné glisse vers la terre en lignes spirales. Ils descendent sur la crête la plus escarpée de quelque rocher si haut, qu’on peut à peine les distinguer d’en bas. Ils se touchent ; leurs becs se rencontrent, et ils échangent d’aussi tendres caresses que les amoureuses tourterelles. Bien loin, au-dessous d’eux, vagues sur vagues roulent et bondissent en écumant contre les flancs inébranlables de la sourcilleuse tour dont l’aspect formidable plaît au sombre couple qui, depuis des années, a fait de ces lieux le berceau des chers et précieux fruits de son mutuel amour. À moitié chemin entre eux et les ondes bouillonnantes,