Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/232

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un léger rebord du roc en s’inclinant cache leur aire. C’est là maintenant qu’ils se dirigent pour voir quels dommages ont pu y causer les assauts de la tempête pendant l’hiver. Puis ils volent aux forêts lointaines d’où ils rapportent les matériaux qui doivent en réparer les brèches : ou bien, sur la plaine, ils ramassent le poil et la laine des quadrupèdes, et, vers la baie sablonneuse, font leur butin des herbes sauvages. Peu à peu le nid s’élargit et reprend forme ; et quand tout y est rendu propre et convenable, la femelle dépose ses œufs et commence à couver ; pendant que son mâle, courageux et plein de zèle, la protége, la nourrit et par moments vient prendre sa place.

À l’entour d’eux, tout est silence ; on n’entend que le rauque murmure des vagues, ou le sifflement de l’aile des oiseaux de mer qui passent en gagnant les régions du nord. Enfin les jeunes crèvent la coquille, et les parents sans repos, s’étant félicités l’un l’autre du joyeux événement, dégorgent de la nourriture à moitié préparée qu’ils déposent dans leur bec encore trop tendre. Vienne alors le plus audacieux aventurier des airs ! il est attaqué avec furie et bientôt repoussé ! Tandis que croissent les petits, ils savent bien qu’il leur faut rester tranquilles et silencieux : un seul faux mouvement pourrait les précipiter dans l’abîme ; le moindre cri, pendant l’absence de leurs parents, risquerait d’attirer sur eux les serres impitoyables du faucon pèlerin ou du gerfaut. Les vieux eux-mêmes semblent redoubler de soin, de vigilance et d’activité, variant leur route pour regagner leur domicile, et souvent y ren-