Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/291

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suffi pour approvisionner un marché ; en un mot, le Kentucky, la terre de l’abondance, avait fait fête à ses enfants.

Un limpide ruisseau versait spontanément le tribut de ses eaux, et pour rafraîchir l’air on avait le souffle de la brise. Des colonnes de fumée montant des feux récemment allumés s’élevaient par-dessus les arbres ; plus de cinquante cuisiniers allaient et venaient, vaquant à leurs importantes fonctions ; des garçons de toute espèce disposaient les plats, les verres et les bols à punch parmi les vases où pétillait un vin généreux, et plus d’un baril, pour la foule, était rempli de la vieille liqueur du pays[1].

Cependant l’odeur des rôtis commence à parfumer l’air, et toutes les apparences annoncent l’attaque prochaine d’un de ces festins substantiels, tels qu’il en faut au vigoureux appétit de nos Américains des forêts. Chaque maître d’hôtel est à son poste, prêt à recevoir les joyeux groupes qui, dès ce moment, commencent à se montrer hors de l’enceinte obscure des bois.

Les belles jeunes filles, habillées tout en blanc, s’avancent, chacune sous la protection de son robuste amoureux, et les hennissements de leurs montures qui caracolent, indiquent combien elles sont fières de porter un si charmant fardeau. Le couple léger saute à terre, et l’on attache les chevaux en entortillant la bride autour d’une branche. Tandis que cette brillante jeunesse

  1. « Old monongahela. » Nom tout local pour indiquer quelque boisson propre à un canton, et très probablement d’origine indienne.