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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/292

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se dirige ainsi vers la fête, on dirait une procession de nymphes ou de divinités déguisées ; les pères et les mères les couvrent d’un tendre regard, tout en suivant le joyeux cortége, et bientôt la pelouse n’est plus que vie et mouvement. — Attention ! prenez garde à ce grand canon de bois relié de cercles de fer et bourré de poudre fabriquée à la maison ; on y met le feu au moyen d’une longue traînée, il détone, et des milliers de hurrahs partant du cœur se mêlent à l’explosion retentissante. C’est maintenant au tour des savants : plus d’un noble et chaleureux discours vient chatouiller les oreilles de l’assemblée, qui accueille par d’unanimes applaudissements les bonnes intentions de l’orateur. Cela probablement ne vaut pas l’éloquence des Clay, des Everett, des Webster ou des Preston, mais sert du moins à rappeler au souvenir de tout Kentuckyen présent le nom glorieux, le patriotisme, le courage et la vertu de notre immortel Washington. Fifres et tambours sonnent la marche qui l’a toujours conduit à la gloire, et lorsqu’on entonne notre fameux « Yankee-doodle[1] », les mêmes acclamations recommencent.

Mais les maîtres d’hôtel ont prévenu l’assemblée que le festin est prêt. Les belles forment l’avant-garde et sont placées les premières autour des tables, qui gémissent sous de véritables monceaux des meilleures productions du pays. Près de chaque nymphe aux doux yeux se tient son beau aux petits soins qui, dans une

  1. Air national américain, mais très monotone à ce qu’il paraît, et peu fait pour exciter l’enthousiasme des Européens.