Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/293

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préférence, dans une œillade, épie la moindre occasion de lire son bonheur. Cependant les tas de viande diminuent, comme on peut le croire, sous l’action de tant d’agents de destruction ; de nombreux toasts aux États-Unis sont portés et acceptés ; de nouveaux speechs sont prononcés provoquant d’affectueux essais de réponse ; les dames se retirent sous des tentes dressées non loin, et où elles sont conduites par leurs partners ; puis ceux-ci reviennent à table, et le champ leur étant ainsi laissé libre, les cordiales santés reprennent à la ronde. Toutefois les Kentuckyens n’aiment guère à prolonger leurs repas, et quelques minutes suffisent pour les satisfaire. Après un petit nombre de visites au bol de punch, ils retournent joindre les dames, et la danse va commencer.

Cent jeunes beautés, sur double file, s’alignent autour de la pelouse, dans la partie ombragée des bois ; çà et là de petits groupes attendent les bienheureux fredons de la rondes et du cotillon. Enfin la musique éclate ! violons, cornets et clarinettes ont donné le signal, et toute cette foule, d’un mouvement gracieux, semble s’élancer dans les airs. Bientôt, au milieu des rangs, figure le costume pittoresque des chasseurs ; leur tunique frangée saute en mesure avec les robes des dames, et les parents de l’un et de l’autre sexe tiennent le pas et se mêlent parmi leurs enfants. Pas un front où le contentement ne rayonne, pas un cœur qui ne tressaille de joie. Là ni orgueil, ni pompe, ni affectation ; l’entrain gagne tout le monde, les esprits ne sont livrés qu’au plaisir ; peines et soucis s’envolent