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L’AMATEUR DE PUTOIS.


Par un rude temps d’hiver, je me rendais de Louisville à Henderson dans le Kentucky, en compagnie d’un voyageur étranger à ces contrées, et que je désignerai par les initiales D. T. Tout en marchant, mon compagnon aperçut un joli petit animal marqué de noir et de jaune pâle, à queue longue et touffue. M. Audubon, me cria-t-il, n’est-ce pas un bel écureuil que je vois là-bas ? Mais oui, lui répondis-je, et d’une espèce à se laisser approcher et mettre la main dessus… si vous l’avez bien gantée. — M. D. T. n’en demande pas davantage, descend de cheval, casse une baguette de bois sec, et pousse au joli petit animal, son large manteau flottant sur ses épaules au gré de la brise. Il me semble encore le voir s’approcher, et passer doucement son bâton en travers du corps de la bête, pour tâcher de l’amadouer et de la prendre. Non ! jamais je ne rirai d’aussi bon cœur que lorsque je vis la complète déconfiture de mon pauvre camarade : le putois, car c’était bien un vrai putois, leva prestement sa belle queue touffue, et lui lâcha une telle bordée de ce fluide dont la nature l’a pourvu pour sa défense, que mon ami, déconcerté et furieux, commença à malmener le pauvre animal. Heureusement pour celui-ci, son agilité sauva sa peau ; mais tout en battant en retraite, il