Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/321

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n’en continua pas moins d’envoyer, à chaque pas, des décharges dont l’efficacité et l’abondance achevèrent de convaincre son adversaire qu’à poursuivre des écureuils de cette espèce il ne pouvait y avoir ni agrément ni profit.

Ce n’était pas tout : quand il voulut revenir, ni moi ni mon cheval ne pûmes le souffrir auprès de nous ; c’est à peine si son propre cheval l’endura sur son dos ; de sorte qu’il nous fallut continuer notre route en deux bandes, et prendre grand soin de ne nous tenir jamais sous son vent. Mais l’aventure ne finit point encore là. Nous devions sous peu songer à un gîte, car déjà il s’en allait nuit, quand nous avions aperçu le putois, et maintenant la neige tombait en épais tourbillons et nous empêchait tout à fait d’avancer ; force fut donc de nous contenter de la première cabane qui se rencontra. Ayant obtenu la permission d’y passer la nuit, nous mîmes pied à terre, et nous trouvâmes, en entrant, au beau milieu d’une troupe d’hommes et de femmes réunis pour ce que l’on appelle, dans nos contrées de l’ouest, l’opération du corn-schucking[1].

Mais tout le monde n’est pas tenu de savoir ce que c’est que l’opération du corn-schucking ; un mot d’explication ne sera donc pas hors de propos.

Le blé, ou pour mieux dire le maïs, est recueilli dans son enveloppe ; et pour cela, l’on se contente de détacher chaque gros épi de la tige. D’abord, et sur le ter-

  1. Corn-schucking. Effeuiller le maïs, comme on dit dans nos départements du Midi.