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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/352

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mouches et aux cousins si insupportables dans les chaleurs, sont un spectacle délicieux pour les busards qui déjà spéculent sur leur détresse, ils descendent immédiatement, et si l’infortuné ne peut se remettre sur ses jambes, ils s’établissent autour de lui et se gorgent à loisir de sa chair. Ils font plus : ils guettent souvent le petit chevreau, l’agneau, le jeune cochon, au moment où il sort du ventre de la mère, et se jettent lâchement dessus avec une affreuse voracité. Eh bien ! ces mêmes oiseaux passeront souvent au-dessus d’un cheval bien portant, d’un porc ou d’un autre animal couché par terre, et se réchauffant immobile au soleil, comme s’il était mort, sans qu’ils changent pour cela leur vol le moins du monde ! Jugez, après cela, comme il faut qu’ils y voient bien !

Ils ont si souvent occasion de dévorer de jeunes animaux vivants, dans les environs des grandes plantations, que prétendre qu’ils n’en mangent jamais, ce serait absurde ; et cependant des écrivains européens n’ont pas craint, à ce qu’on m’a dit, de l’affirmer. Durant les terribles inondations du Mississipi, le courant charrie des corps d’animaux de toute espèce, noyés dans les basses terres, et qui flottent à la surface des eaux ; sur ces cadavres, on voit fréquemment des vautours se gorgeant aux dépens du colon, qui dans ces occasions perd souvent la majeure partie de son bétail errant. Mais, du reste, ils sont si poltrons et si couards, que le moindre de nos éperviers les chasse devant lui ; et le petit roitelet se montre véritablement pour eux un tyran, lorsqu’il les rencontre, ces grands maraudeurs,