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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/353

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flânant aux environs du nid dans lequel sa chère femelle est tout entière au soin de ses œufs. — L’aigle, s’il a faim, les poursuit et les a bientôt contraints de dégorger leur nourriture qu’ils abandonnent à sa disposition.

Nombre de ces oiseaux, accoutumés par les priviléges qu’on leur accorde, à demeurer aux environs des villes et des villages, dans nos États du Sud, les quittent rarement et pourraient être considérés comme formant une espèce à part, essentiellement différente, quant aux mœurs, de ceux qui résident continuellement loin des habitations. Habitués à ce qu’on les nourrisse, ils sont encore plus paresseux. Leur air de nonchalance rappelle celui du soldat en garnison à demi-solde. Tout mouvement leur est une fatigue, et rien qu’une extrême faim ne peut les faire descendre du toit de la cuisine dans la rue, ou suivre les tombereaux qu’on emploie à débarrasser les rues d’immondices ; si ce n’est pourtant dans les lieux où, comme à Natchez, le nombre de ces parasites est si grand, que tous les rebuts de la ville qui se trouvent à leur portée ne peuvent leur suffire. Alors on les voit accompagner les charrettes des vidangeurs, sautillant, voletant, s’abattant autour tous à la fois, parmi des cochons qui grognent et des chiens hargneux, jusqu’à ce que le contenu ayant été déposé à destination, hors la ville, ils se jettent dessus et s’en régalent.

Je ne crois pas que les vautours ainsi attachés aux villes soient autant portés à se multiplier que ceux qui résident plus constamment dans les forêts ; si j’en juge du moins par la diminution de leur nombre durant la