Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/366

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douces rêveries accompagnaient souvent mes pas à l’entrée d’une petite caverne creusée dans le roc solide par les mains de la nature. Elle était, du moins je la trouvais alors, suffisamment grande pour mes études : mon papier, mes crayons et parfois un volume des contes si naturels et si charmants d’Edgeworth ou des fables de La Fontaine m’y procuraient d’amples jouissances. C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté.

J’avais trouvé un nid de ce gobe-mouche à couleur terne, accroché contre le mur, immédiatement au-dessus de l’espèce d’arche qui servait d’entrée à cette paisible retraite. Je regardai dedans : il était vide, mais propre et en bon état, comme si les propriétaires absents comptaient y revenir avec le printemps. — Déjà sur chaque tige les bourgeons étaient gonflés ; quelques arbres même se paraient de fleurs ; mais la terre était encore couverte de neige, et dans l’air, on sentait toujours le souffle glacial de l’hiver. Un matin, de bonne heure, je vins à ma grotte : les rayons brillants du soleil coloraient de riches teintes chaque objet autour de moi. Quand j’entrai, un bruit sourd au-dessus de ma tête me fit me retourner, et je vis s’envoler deux oiseaux qui furent se reposer tout près de là. — Les pewees étaient arrivés ! — J’en ressentis une