Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vive joie ; et craignant que ma présence ne troublât le joli couple, je sortis, non sans jeter souvent un regard en arrière. Ils étaient sans doute arrivés tout nouvellement, car ils paraissaient bien fatigués. On n’entendait point leur note plaintive ; leur huppe n’était pas redressée et les vibrations de leur queue, si remarquables dans cette espèce, semblaient faibles et languissantes. Il n’y avait encore que peu d’insectes, et je jugeais que l’affection qu’ils portaient à ce lieu avait dû, bien plus qu’aucun autre motif, déterminer leur prompt retour. À peine m’étais-je éloigné de quelques pas, que tous deux, d’un même accord[1], ils glissaient de leur branche pour entrer dans la caverne. Je n’y revins plus de tout le jour, et comme je ne les aperçus ni l’un ni l’autre aux environs, je supposai qu’ils devaient avoir passé la journée entière dans l’intérieur. Je conclus aussi qu’ils avaient gagné ce bienheureux port, soit de nuit, soit tout à fait à la pointe du jour. Des centaines d’observations m’ont prouvé, depuis, que cette espèce émigre toujours pendant la nuit.

Ne pensant plus qu’à mes petits pèlerins, le lendemain, de grand matin, j’étais à leur retraite, mais pas encore assez tôt pour les y surprendre. Longtemps avant d’arriver, mes oreilles furent agréablement sa-

  1. « With one accord », comme dans ces vers si frais et si touchants de Dante :

     Quali colombe dal disio chiamate,
    Con l’ali aperte et ferme al dolce nido

    Volan’per l’aer, dal’ voler portate.
    (Infern., V.)