Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa splendeur que je veux contempler, et moi aussi j’attends avec transport le moment qui s’approche… Il est venu ! de toutes parts éclatent la vie et la force ; l’abeille, l’oiseau, le quadrupède, la nature enfin, s’éveillent pour renaître, et chaque être semble se mouvoir dans les rayons de la face divine. Qu’avec ferveur alors je rends grâce au Tout-Puissant, qui m’a appelé à l’existence ; avec quelle nouvelle ardeur je poursuis la mission qu’il m’a confiée ! Marchant d’un pied léger sur l’herbe tendre, j’arrive à un siége préparé par la nature ; je m’y arrête ; et de là je surveille, j’admire et j’essaye de prendre possession de tout, oui, de tout ce qui est sous mes yeux. Bienheureux jours de ma jeunesse, où, plein de vigueur, de santé et de joie, je pouvais goûter si souvent le spectacle enchanteur et béni des beautés de la création, qu’êtes-vous devenus ? Partis, partis pour toujours ! mais je garde précieusement en moi les pensées que vous m’inspiriez, et tant que durera ma vie, votre souvenir me sera toujours doux.

Voici l’alouette arrivée d’hier au soir ! Pleinement remis des fatigues du voyage, et le cœur débordant d’amour pour celle dont le désir l’amène de si loin, le mâle se lève de sa couche verdoyante, et sur ses ailes qu’agite un léger frémissement, il monte en tournoyant dans les airs où l’emporte l’heureux espoir d’entendre bientôt retentir le chant de sa bien-aimée. D’habitude, en effet, les femelles se font entendre à cette première époque de l’année ; je ne prétends pas vous dire pourquoi, mais le fait est tel : j’ai pu m’en assurer, dès le moment