Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/390

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Cher lecteur, allez vous-même les épier, les contempler et les entendre, si vous voulez comprendre leur langage. Autrement, il faudra bien que j’essaye de vous donner au moins une idée de ce que, volontiers, j’entreprendrais de vous décrire, si je n’étais pas trop au-dessous de la tâche, et que je continue de vous rapporter ce que j’ai pu observer de leurs mœurs et de leurs amours.

Quand l’alouette des prés commence à s’élever de terre, ce qu’elle fait par un petit saut, elle voltige comme un jeune oiseau, part, et réprime son élan, le reprend bientôt ; mais d’une manière incertaine et trompeuse, vole, en général, droit devant elle, puis regarde en arrière comme pour s’assurer du danger qu’elle peut courir, offrant ainsi un but facile au tireur le moins expérimenté. Quand on la poursuit quelque temps, elle se meut avec plus de rapidité, planant et battant des ailes alternativement, jusqu’à ce qu’elle soit hors d’atteinte. Elle ne tient qu’un moment devant le chien d’arrêt, et encore faut-il qu’elle soit surprise parmi des roseaux ou des herbes épaisses. Durant les migrations qui s’accomplissent habituellement de jour, elles s’élèvent au-dessus des plus grands arbres des forêts, et font route en compagnies peu serrées, qui assez souvent comprennent de cinquante à cent individus. Leurs mouvements alors sont continus, et elles ne planent que par intervalles, pour respirer et se mettre en état de renouveler leurs efforts. De temps en temps, on en voit quelqu’une se détacher de la troupe ; elle pousse droit à une autre, la chasse en bas ou horizontalement hors du groupe, la poursuit sans cesse