Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/424

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primitives et entrecoupée de marais, présentera le riant tableau de champs chargés de moissons et de riches vergers ; tandis que, groupées sur ses rivages, floriront d’industrieuses cités, où des peuples à l’esprit cultivé se réjouiront dans les bienfaits de la Providence.




LA GRIVE DES BOIS.


Voilà mon oiseau favori, celui de tous auquel je dois le plus ! Que de fois je me suis senti renaître, en entendant ses notes sauvages dans la forêt ! comme elles me semblaient douces, après une nuit passée sans repos, sous mon pauvre abri, si mal défendu contre la violence de l’ouragan ! Peu à peu j’avais vu la flamme incertaine et vacillante de mon petit feu s’éteindre sous des torrents de pluie qui confondaient le ciel et la terre en une seule masse d’épaisses ténèbres ; et par intervalles, déchirant la nue, le rouge sillon de la foudre éblouissait mes yeux, et projetait sur les grands arbres autour de moi une lueur sinistre, immédiatement suivie d’un fracas confus, immense, épouvantable, qui éclatait dans la profondeur des bois, et de toutes parts roulant son tonnerre, glaçait le souffle même de la pensée. Oh ! que de fois, après une de ces nuits terribles, loin de mon foyer si calme, privé de la présence