Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/438

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d’écorce de bouleau qu’il enroule de manière à donner le ton convenable. Bientôt il entend venir l’élan, qui fait grand bruit ; et quand il le juge suffisamment près, il choisit une bonne place où le frapper et le tue. Il n’est pas prudent, tant s’en faut, de se tenir à portée de l’animal, qui dans ce cas ferait certainement à l’agresseur un mauvais parti.

Un mâle entièrement venu mesure, dit-on, neuf pieds de haut ; et avec ses immenses andouillers branchus, son aspect est tout à fait formidable. De même que le daim de Virginie et le karibou mâle, ces animaux jettent leur bois chaque année, vers le commencement de décembre ; mais la première année, ils ne le perdent pas même au printemps[1]. Quand on les irrite, ils grincent horriblement des dents, hérissent leur crinière, couchent les oreilles et frappent avec violence. S’ils sont inquiétés, ils poussent un lamentable gémissement qui ressemble beaucoup à celui du chameau.

Dans ces régions désolées et sauvages qui ne sont guère fréquentées que par l’Indien, l’espèce du daim commun était extraordinairement abondante. Nous avions beaucoup de mal à retenir nos chiens, qui en rencontraient des troupeaux presqu’à chaque pas. Ce dernier, par ses mœurs, se rapproche beaucoup de l’élan.

  1. Il y a ici une apparente contradiction qui s’explique quand on sait que, tandis que les vieux élans déposent leur bois en décembre et janvier, les jeunes ne le perdent qu’en avril et mai ; mais la première année, ils ne le perdent pas du tout, par conséquent pas même au printemps.