Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/440

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Neuve, traverse, sur ses ailes concaves et qui semblent si frêles, les détroits du golfe Saint-Laurent, et gagne de plus chaudes régions, pour y demeurer jusqu’au retour du printemps. C’est comme en se jouant qu’il accomplit ce long voyage ; il s’en va, sautillant d’une racine ou d’une souche à l’autre, voltigeant de branche en branche, hasardant une courte échappée de droite et de gauche ; et cela, sans cesser de chercher sa nourriture, mais toujours sémillant et toujours gai, comme s’il n’avait souci ni du temps ni de la distance. Il arrive au bord de quelque large fleuve ; qui ne connaîtrait ses habitudes, pourrait craindre que ce ne fût là pour lui un obstacle insurmontable : point du tout, il déploie ses ailes, s’élance et glisse comme un trait au-dessus du redoutable courant.

J’ai trouvé le troglodyte d’hiver dans les basses parties de la Louisiane et dans les Florides, en décembre et janvier ; mais jamais plus tard que la fin de ce dernier mois. Leur séjour dans ces contrées dépasse rarement trois mois ; ils en emploient deux autres, tant à bâtir leur nid qu’à élever leur couvée ; et comme ils quittent le Labrador vers le milieu d’août, au plus tard, ils passent probablement plus de la moitié de l’année à voyager. Il serait intéressant de savoir si ceux qui nichent au long de la rivière Colombie, près l’océan Pacifique, visitent nos rivages de l’Atlantique. Mon ami T. Nuttall m’a dit en avoir vu élever leurs petits dans les bois qui bordent nos côtes du Nord-Ouest.

En passant à East-Port dans le Maine, lors de mon voyage au Labrador, j’y trouvai ces oiseaux extrême-