Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/53

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ment que possible au beau milieu de la troupe et les force à s’envoler dans toutes les directions. C’est un grand avantage pour le chasseur, car si les dindons s’en vont tous du même côté, ils quitteront bientôt leur première retraite et se renvoleront ; mais quand on est parvenu à les disperser ainsi, pourvu que le temps soit calme et couvert, un homme au fait de cette chasse, peut les retrouver à son aise, et les descendre à plaisir.

Quand ils se sont posés sur un arbre, il est parfois très difficile de les apercevoir, ce qui tient à ce qu’ils y restent parfaitement immobiles. Si l’on peut en découvrir un lorsqu’il est accroupi sur sa branche, rien de plus facile que de s’en approcher, et sans la moindre précaution. Mais s’il se tient droit sur ses jambes, il faut alors prendre bien garde ; car du moment qu’il vous aperçoit, le voilà qui part, et souvent à une telle distance, que ce serait en vain qu’on voudrait le suivre.

Lorsqu’un de ces oiseaux n’est simplement que désailé par un coup de feu, il tombe rapidement et dans une direction oblique. Une fois par terre, au lieu de perdre son temps à sautiller et à se débattre sur place, comme font souvent les autres oiseaux qu’on a blessés, il détale et d’un tel train que, si le chasseur n’est pas pourvu d’un chien qui ait bonnes jambes, il peut bien lui dire adieu. Je me rappelle avoir couru plus d’un mille, après un dindon frappé de la sorte, et mon chien n’avait pas cessé de le suivre à la piste, au travers d’une de ces épaisses cannaies[1] qui, le long des rivières de l’ouest

  1. Cane-brake, champ de cannes.