Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/106

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et embaumée ; et pour achever de donner la vie à cette scène, c’était entre nous à qui monterait le plus rapide vaisseau. Pendant cette lutte animée, de profondes émotions accompagnaient tour à tour chacun des jouteurs, selon que celui-ci s’élançait en avant, ou que cet autre restait pesamment en arrière.

» Environ vers trois heures de l’après-midi, nous arrivâmes à la baie de Honda. Nous n’avions qu’un vent faible, et nul espoir d’atteindre, ce soir même, la clef de l’Ouest. Il fut donc résolu qu’on ferait port où nous étions, et nous entrâmes dans un beau bassin où nous jetâmes l’ancre à quatre heures. Immédiatement les barques furent mises à flot, et des parties de chasse organisées. Nous prîmes terre et fûmes bientôt en quête, les uns de coquillages, les autres d’oiseaux. Un Indien qu’un des naufrageurs avait recruté le long de la côte, et qui était employé comme chasseur, fut expédié pour nous procurer de la venaison. On lui avait remis une carabine chargée seulement d’une balle ; et au bout de quelques heures, il revenait avec deux daims tués du même coup. Il avait attendu pour tirer qu’ils fussent tous deux côte à côte, dans la direction de son point de mire, et les avait abattus l’un et l’autre.

» Quand nous fûmes tous de retour et qu’on eut réuni notre butin, il s’en trouva, et de reste, pour faire un repas copieux. Nous fîmes porter presque tout le gibier à bord du plus grand vaisseau, où l’on se proposait de souper. Nos bâtiments se tenaient à portée de voix l’un de l’autre ; et quand la lune fut levée, on put