Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/107

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voir les bateaux allant et venant entre chaque navire, et tout occupés d’échanger des compliments et des politesses. On n’eût jamais supposé que ces hommes fussent, par métier, des rivaux, tant ils se manifestaient mutuellement de bon vouloir. Sur les neuf heures nous nous rendîmes au souper. Déjà un certain nombre de convives nous attendaient. Dès que nous parûmes à bord, un matelot allemand qui jouait très bien du violon fut appelé sur le tillac ; bientôt toutes les mains s’unirent, et au son d’une musique joyeuse on dansa jusqu’au souper. La table, dressée dans la cabine, gémissait sous le poids des mets, tels que venaison, canards sauvages, courlis, poissons… On porta des toasts, on chanta ; et, entre autres pièces curieuses, notre Allemand, qui s’accompagnait de son instrument, nous régala de la chanson suivante, dont il passait pour être l’auteur. Je ne dis rien de la poésie, et vous la donne simplement comme je l’ai entendue ; mais telle qu’elle est, elle ne manque pas de caractère :


LA CHANSON DES NAUFRAGEURS.

Vous tous, écoutez en silence
Un betit air de ma façon ;
Et, sans plus tarder, ché commence :
Chai fait et musique et chanson
En l’honneur de notre vaisseau ;
Qu’il est donc fier et qu’il est beau,
Lorsqu’il porte, affrontant l’orage,
Les joyeux amis du naufrage !
 
Ce roc, au milieu de l’abîme,
Est notre sompre rentez-vous :