Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/108

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Là, sans soubçon, paufre fictime,
Passe un nafire, près de nous.
Dansons et chantons ; dans la nuit,
Le courant l’entraîne sans bruit.
Sur l’écueil où gronte l’orage,
À nous les tébris du naufrage !

Au secours ! spectacle funeste !
Il est pertu… Saufons les biens,
Les agrès aussi… Pour le reste,
Au bon Tieu de sauver les siens.
Et nous allons, le lentemain,
En or chancher notre butin.
Sur l’écueil où gronte l’orage,
À nous les tébris du naufrage !

Alors, sans souci, poche pleine,
À terre, en praves matelots,
Nous puvons, toute une semaine,
À ceux qui voguent sur les flots.
Puisse, vous poussant par ici,
Un bon fent nous jeter aussi,
Sur l’écueil où gronte l’orage,
Les tébris de votre naufrage !


» Le chanteur, avec un fort accent germanique, appuyait emphatiquement sur certains mots, et entre chaque couplet jouait une ritournelle, en ayant toujours bien soin de nous répéter : Messieurs, c’est de ma composition ! Vingt ou trente voix reprenaient en chœur ; et je vous assure que, dans le calme de la nuit, cela ne produisait pas un trop mauvais effet. »