Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/120

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cime des plus grands arbres ; après quoi, il prend son essor et se dirige horizontalement. En cas d’alarme, il ne manque jamais de pousser plusieurs quack, quack ; mais, si rien ne l’épouvante, il reste silencieux en s’envolant. Quand il passe en l’air, pour quelque destination lointaine, le sifflement de ses ailes s’entend d’une distance considérable, particulièrement pendant le calme des nuits. Son vol peut, je pense, être estimé à raison d’un mille et demi par minute ; et s’il veut en déployer toute la puissance, et qu’il s’agisse d’un long voyage, je crois fermement qu’il peut faire cent vingt milles à l’heure.

Ce Canard est omnivore dans la véritable acception du mot. Tout lui est bon pour satisfaire son excessive voracité ; propre ou non, il engloutit ce qui se rencontre : vieux rebuts, tripailles, poisson pourri, aussi bien que reptiles et petits quadrupèdes. Les noix et les fruits de toute espèce lui sont un régal, et on l’engraisse promptement avec du riz, du blé ou d’autre grain. Il est en général si goulu, que souvent j’en ai vu deux tiraillant et se disputant pendant plus d’une heure la peau d’une anguille que l’un avait déjà en partie avalée, tandis que le camarade tenait ferme à l’autre bout. Ils gobent aussi très adroitement les mouches, et ont l’habitude de piétiner la terre humide pour en faire sortir les vers.

Outre l’homme, le Canard a pour ennemis l’aigle à tête blanche, le hibou de neige, le grand duc de Virginie, le raton, le lynx et la tortue. On le prend facilement au filet et au piége amorcé avec du blé ; mais, comme aux États-Unis nous ne savons ce que c’est