Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/122

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printemps, il regagne ceux du centre où il niche, aussi bien que dans la Caroline du Nord. Plus rare entre Long-Island et Portland dans le Maine, où cependant il reparaît, on le trouve jusqu’au Labrador ; et dans cette dernière contrée, j’en vis plusieurs qui avaient des œufs au mois de juillet. Sauf l’hiver, qu’ils se rassemblent au nombre de vingt-cinq ou trente individus, ces oiseaux ne vont ordinairement que par petites sociétés d’un ou deux couples, avec leurs jeunes familles qui paraissent suivre les parents jusqu’au printemps. On n’en rencontre jamais dans l’intérieur des terres, ni même bien haut, sur nos plus grandes rivières ; les lieux où ils se plaisent, en tout temps, c’est sur les grèves sablonneuses et les bords rocailleux des baies et des marais salés. Au Labrador, j’en trouvai plus loin de la mer, que je n’en eusse encore vu en aucun autre pays ; mais toujours près de l’eau salée. C’est du reste la seule espèce dont j’aie eu connaissance sur les côtes de l’Amérique du Nord.

Craintif, vigilant et sans cesse sur ses gardes, l’Huîtrier prend, en marchant, un certain air de dignité que rehausse considérablement la beauté de son plumage et la forme si remarquable de son bec. Si vous vous arrêtez pour l’observer, à l’instant même vous entendez, en signe d’alarme, retentir son cri perçant. Cherchez à faire un pas vers lui, pourvu qu’il n’ait ni œufs ni petits, aussitôt il s’envole, et vous ne le voyez déjà plus. Peu d’oiseaux, en effet, sont aussi difficiles à approcher. Pour étudier ses mœurs, je fus obligé de recourir à un excellent télescope que je braquai sur lui d’un