Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/123

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quart de mille, et qui me permit, à loisir et sans l’inquiéter, de le suivre dans chacun de ses mouvements. De cette manière, je pus le voir qui sondait le sable de toute la longueur de son bec, détachait des patelles des rochers au Labrador, et sur les bancs d’huîtres que, dans le Sud et les Florides, on appelle bancs d’huîtres du Raton, en se servant de son bec comme d’un ciseau, qu’il insinuait de côté entre le roc et l’écaille, pour saisir enfin le corps de ces pauvres mollusques, au moment où leurs deux valves s’entr’ouvraient. D’autres fois, il déterrait un solen, ou manche de couteau, qu’il battait contre les graviers, jusqu’à ce qu’il en eût brisé la coquille et avalé le contenu ; ou bien, il semblait sucer les hérissons de mer, en introduisant son bec par l’orifice buccal, sans endommager la coquille. Ensuite, il s’en allait, passant à gué d’un banc à l’autre, tout en attrapant çà et là quelque crevette et d’autres crustacés ; ou même il se mettait à la nage, si cela était nécessaire, plutôt que de prendre son vol, lorsqu’il n’y avait qu’une courte distance à traverser. Cet oiseau fait aussi sa proie de petits crabes de diverses espèces et de vers de mer, dont j’ai toujours trouvé, en plus ou moins grand nombre, les coquilles brisées dans son gésier. Quand il est sur des grèves humides, il aime à fouler le sable avec ses pieds, pour en faire sortir les insectes. Une fois j’en vis un s’élancer de l’eau sur le rivage, tenant dans son bec une petite sole qu’il mangea.

L’Huîtrier ne construit pas de nid, à proprement parler, mais se contente de gratter dans le sable sec,