Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/126

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Sud. J’en ai vu, au Labrador, jusqu’au 11 d’août ; mais je ne puis dire à quelle époque ils en repartent. Si on les blesse, pendant qu’ils explorent à gué les rochers, ou marchent à sec sur le rivage, ils s’élancent à l’eau sur laquelle ils flottent et semblent se mouvoir parfaitement à l’aise.

Le vol de l’Huîtrier d’Amérique est puissant, léger, parfois élégant, et peut se soutenir très longtemps. C’est en l’air qu’il déploie toutes les beautés de son plumage aussi remarquable que celui du pic à bec d’ivoire dont il rappelle, jusqu’à un certain point, la couleur. La blancheur transparente du gros des ailes contraste avec le noir de jais qui les termine, et se trouve rehaussée par la nuance du bec qui est d’un rouge de corail, tandis que le blanc pur des parties inférieures du corps produit à l’œil un effet très agréable. De même, son cri de wheep, wheep, lorsqu’il éclate à votre oreille, paraît étrange et vous étonne. Enfin, pendant leurs évolutions si variées et si gracieuses, si vous ne connaissez pas ces oiseaux, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander : Qu’est-ce cela ? Tantôt, tournoyant avec une impétuosité extraordinaire, ils passent à cent mètres de vous, puis changent soudain de direction, et reviennent, non plus en rasant l’eau comme tout à l’heure, car ils sont déjà au plus haut des airs ; tantôt ils forment leurs rangs sur un large front ; d’autres fois, comme alarmés par la détonation lointaine d’une arme à feu, ils se serrent tous pêle-mêle et plongent vers les sables ou la surface de la mer. Tirez sur un en ce moment, et vous pouvez vous attendre à en tuer