Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/130

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le courant, elle flotte d’abord de côté et d’autre, et finit par prendre le fil de l’eau… Mais déjà je m’aperçois que le poisson a mordu ; le pêcheur, pour le mieux piquer, donne une brusque secousse, et lentement ramène la ligne à soi. Perche infortunée, que te sert de plonger et de te débattre si péniblement ? Ils n’auront aucune pitié de toi, et l’on va te jeter sur le sable pour t’y laisser longuement sentir le frisson de la mort. Ah ! j’en vois deux à cette ligne, là-bas, et des belles, s’il vous plaît ; cependant, d’ordinaire, il ne s’en prend qu’une à la fois, et encore, nombre d’amorces sont enlevées par d’autres habitants des eaux plus rusés. Quels magnifiques poissons ! comme leurs écailles brillent en dessous d’un vif éclat d’argent, quelles riches couleurs en dessus, et quel œil superbe ! En deux ou trois heures, chaque pêcheur en a tout ce qu’il peut désirer ; il enroule sa ligne, accroche une demi-douzaine de ces perches de chaque côté de la selle, enfourche son cheval, et reprend joyeusement le chemin de la maison.

C’est de cette manière qu’on prend la Perche blanche, le long des rives sablonneuses de l’Ohio, depuis son embouchure jusqu’à sa source. Dans beaucoup de lieux, notamment au-dessus de Louisville, les pêcheurs préfèrent se servir de la ligne dormante. Dans ce cas, on amorce plus souvent avec des moules qu’avec des écrevisses, peut-être simplement parce que ces dernières sont plus rares que vers le bas de la rivière. On prend aussi un grand nombre de Perches à la seine, surtout quand les eaux viennent à croître pour quel-