Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/129

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jamais ; c’est pourquoi, lecteur, gardez-vous d’en choisir de tels pour l’amorcer ; autrement vous en seriez pour votre peine, et vous auriez le désagrément de ne pas goûter de ce poisson délicieux. Si donc vous n’avez pas l’habitude d’une pareille pêche, regardez ces gens qui sont là, devant vous sur le rivage, ils pourront vous donner une leçon.

Aucun souffle ne ride la surface des eaux, le ciel est clair, et le courant s’en va doucement, sans faire peut-être plus d’un mille à l’heure ; le silence règne autour de vous. Voyez : chaque pêcheur porte un panier ou une calebasse contenant plusieurs écrevisses vivantes ; et chaque ligne, grosse comme une plume de corneille, est à peine longue d’un stade. À l’un des bouts, deux hameçons à perche sont attachés, de manière à ne pouvoir se mêler ensemble ; quelques pouces au-dessous du point où se trouve le dernier, un poids d’environ un quart de livre et percé d’un trou dans sa longueur, passe sur la corde et se fixe, par un nœud, à son extrémité. L’autre bout de la ligne tient sur le bord, où vous observez que le tout est soigneusement enroulé au pied du pêcheur. Maintenant, à chaque hameçon, on enfile une écrevisse qu’on perce, pour cela, en dessous de la queue, en enfonçant la pointe du fer jusque dans la tête du pauvre animal, dont les pattes peuvent ainsi s’agiter en toute liberté. Alors, le pêcheur saisit sa ligne environ un mètre au-dessus des hameçons, la fait tournoyer plusieurs fois en l’air, et la lance, à toute volée, en travers de la rivière. Aussitôt qu’elle a touché le fond, mollement entraînée par