Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/15

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prendraient pour conduire leurs petits à l’eau. Mais en cela, je fus désappointé ; car un jour que j’allais au nid, vers le temps où je croyais que l’incubation était près de se terminer, j’eus la mortification de voir qu’un raton ou quelque autre animal avait mangé tous les œufs, et que les oiseaux avaient abandonné la place. Dans ces nids d’Oies sauvages, je n’ai jamais trouvé plus de neuf œufs, et je pense que le nombre le plus ordinaire est de six. Quant aux nids de celles que j’ai tenues en domesticité, j’y en ai souvent compté jusqu’à onze dont plusieurs, à la vérité, ne produisaient rien. Ces œufs mesurent 3 pouces et demi de long sur 2 et demi de large ; la coquille est épaisse, assez lisse et d’un vert jaunâtre très sombre. Jamais le même couple n’élève plus d’une couvée par saison, à moins que les œufs n’aient été ravis ou brisés dès le commencement.

Un jour ou deux après leur éclosion, les petits suivent leurs parents à l’eau ; mais, en général, ils reviennent à terre pour se reposer le soir au soleil couchant, et passer la nuit sous les ailes de leur mère, si tendre, si attentive à leur procurer bien-être et sécurité. Du reste, elle ne fait en cela qu’imiter l’exemple de son mâle ; car, tant que dure l’incubation, il ne la quitte jamais elle-même, sauf le temps strictement nécessaire pour chercher sa nourriture, et se hâte de revenir pour prendre sa place et couver à son tour. Ils restent l’un et l’autre en famille jusqu’au printemps.

C’est pendant cette saison des œufs que le mâle fait éclater sa force et son courage. J’en ai vu un qui semblait, à ce moment, plus grand et plus gros que de