Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/151

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faire une espèce à part (Ardea pealii) s’accouplent, ainsi qu’il arrive souvent pour l’aigle à tête blanche, entre individus dont les uns, non encore complétement venus, portent une livrée blanc de neige, tandis que les adultes sont d’un pourpre bleu-grisâtre. Les jeunes de l’Ardea cœrulea ont été aussi considérés quelque temps comme une espèce distincte, parce qu’ils sont blancs d’abord, puis bleus et blancs, et finalement d’un bleu foncé. Mais c’est surtout l’Ibis écarlate qui nous offrirait un remarquable exemple des changements que l’âge fait subir au plumage des oiseaux. Dans mon humble opinion, j’estime, qu’à moins qu’ils ne soient primitivement que d’une seule couleur, laquelle, malgré ses variations, continue toujours de rester uniforme, on ne doit guère s’arrêter aux nuances successives que revêt leur plumage, pour établir un caractère spécifique.

Je remarque encore que la force extraordinaire des cuisses, des jambes et des pieds, dans notre Grue, tend à en faire un oiseau beaucoup plus terrestre que les hérons. La grandeur et l’élévation des narines, presque en tout semblables à celles des vautours, se trouvent très propres à garantir l’intérieur de l’organe de la terre et des autres matières avec lesquelles il serait en contact, lorsqu’elle cherche dans le sol ou la boue les racines et les substances végétales qui composent sa principale nourriture. Je suis convaincu également que cette espèce n’est complétement venue et dans toute sa beauté, qu’à la quatrième ou cinquième année. Durant la saison des amours, sa parure devient plus brillante ; elle est rehaussée par le rouge des parties charnues de