Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/156

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et les chiens, le nez sur la piste, partent à toutes jambes. — Maître, crie le vieux Toby, ça va vers la crique. — À la crique donc, et en avant ! quels bois, mon Dieu ! pour sûr, ce n’est pas là le parc d’un milord anglais ! Pour le moment, nous courons dans un bas-fond ; un sol maigre recouvre à peine les couches d’argile durcie ; rien que des hêtres autour de nous, et çà et là, quelques érables. — Maudites jambes, — maudites branches de vigne. — Je suis empêtré ; j’en ai jusqu’au cou. — Coupez-les avec votre couteau ! — Je viens de m’abîmer le genou contre une souche ; ah bon ! mon pied tient entre deux racines ; je ne peux pas l’en arracher. — Toby, retourne en arrière ; ne vois-tu pas que l’étranger n’est pas fait à nos bois ? — Holà, Toby, Toby ! — J’étais véritablement pris, sans pouvoir bouger ; et le chasseur de rire, tandis que les garçons profitaient de l’occasion pour s’esquiver. Toby arrive, penche la torche vers le sol ; le chasseur, avec sa hachette, coupe une des racines, et je suis enfin délivré. — Vous êtes-vous fait mal ? — Non, du tout ! et nous repartons. Les jeunes gens avaient pris les devants à la suite des chiens qui venaient d’acculer un raton dans un petit bourbier. Bientôt nous les eûmes rejoints avec la torche. Maintenant, monsieur, regardez bien : Le Raton ne nageait pas, mais se soutenait avec ses pieds qui touchaient le fond du marais. L’éclat de la torche semblait beaucoup le gêner ; son poil était hérissé, et sa queue annelée paraissait trois fois plus grosse qu’à l’ordinaire. Ses yeux brillaient comme des émeraudes ; la gueule écumante, il surveillait chaque mouvement