Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/167

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commençaient tranquillement la tâche laborieuse de l’incubation. De temps en temps aussi, un mâle venait se poser non loin de là, et dégorgeait un petit poisson à portée de la femelle ; ensuite, après qu’ils s’étaient fait réciproquement plusieurs inclinations de tête qui me paraissaient très singulières et par lesquelles ils désiraient, je n’en doute pas, se témoigner l’un à l’autre leur tendre affection, le mâle se renvolait. Je voyais d’autres individus qui n’avaient point encore commencé la ponte, gratter le sable avec leurs pieds, à la façon des volailles ordinaires lorsqu’elles cherchent la nourriture. Durant le cours de cette opération, ils se foulaient souvent dans l’étroite cavité, comme pour en essayer la forme à leur corps, et reconnaître ce qui pouvait y manquer pour qu’ils y fussent bien à l’aise. Je n’ai pas vu l’ombre d’une mésintelligence ou d’une querelle entre ces intéressantes créatures qui toutes paraissaient les heureux membres d’une seule famille ; et, comme pour mettre le comble à mes souhaits, certains d’entre eux arrivaient en se faisant la cour, jusque sous mes yeux. Fréquemment les mâles se tenaient la tête haute et la ramenaient en arrière, comme c’est l’habitude pour diverses espèces de mauves ; leur gorge se gonflait, ils tournaient autour des femelles, et finissaient par faire entendre un son doux, pour exprimer leur joie pendant qu’ils se livraient à de mutuelles caresses. Alors, pour quelques instants, le mâle recommençait ses évolutions auprès de sa femelle, tous les deux, tournaient l’un autour de l’autre ; puis, ils prenaient l’essor, et bientôt je les perdais de vue. C’est là, je puis le dire encore, une de