Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/18

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effort pour s’envoler. Je n’en perdis aucun de trois années ; le vieux couple ne nicha plus tant qu’il demeura en captivité, les deux couples de jeunes pondirent et parvinrent à mener à bien, l’un trois petits, l’autre sept. Tous, ils montraient une aversion particulière pour les chiens et haïssaient presque aussi cordialement les chats ; mais les objets spéciaux de leur animosité étaient un vieux cygne et un coq d’Inde sauvage que je nourrissais à la maison. D’habitude, ils s’occupaient à débarrasser le jardin de chenilles et de limaçons. Ils m’endommageaient parfois quelque arbuste et quelque fleur ; en somme, pourtant, je puis dire que j’aimais leur compagnie. Quand je quittai Henderson, je leur rendis à tous la liberté, et je ne sais ce que depuis lors ils sont devenus.

Dans l’une de mes chasses, vers les mêmes parages, il m’arriva de tuer une Oie sauvage, qu’à mon retour j’envoyai à la cuisine. En l’accommodant, on trouva dans son corps un œuf près d’être pondu, et qu’on m’apporta. Je le mis sous une poule, et il vint à bon terme. Deux ans après, la femelle qui était éclose de cet œuf s’accoupla avec un mâle de son espèce et eut des petits. Cette Oie était si privée, qu’elle se laissait caresser par tout le monde, et venait volontiers manger dans la main. Elle était plus petite que ne le sont habituellement ces oiseaux, mais parfaitement conformée sous tout autre rapport. Quand arriva l’époque des migrations, elle se tint assez tranquille, tandis que son mâle, qui autrefois avait été libre, ne montrait pas, tant s’en faut, la même indifférence.