Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/180

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Dans le cours de mes excursions à travers la Floride-Orientale, j’ai rencontré souvent de ces grands espaces où se réunissent les Hérons de nuit ; entre autres lieux de ce genre, j’en ai vu un particulièrement remarquable par le nombre immense de ces oiseaux qui s’y étaient rassemblés. C’est comme six milles au-dessous de la plantation de mon ami John Bullow, sur un bayou qui débouche dans la rivière Halifax. Là, j’en trouvai par centaines, et qui paraissaient déjà s’être accouplés, bien qu’on ne fût qu’au mois de janvier. Beaucoup de leurs nids des années précédentes étaient encore debout ; et tous, ils semblaient vivre en paix et parfaitement heureux. Mon ami John Bachman connaît, sur la rivière Ashley, à quatre milles de Charleston, un bouquet de chênes-saules parmi les branches desquels chaque hiver, et pendant les quinze dernières années, il a constamment vu se retirer une troupe de cinquante à soixante Bihoreaux. Ce sont tous des jeunes, et il n’en a observé aucun qui eût le plumage des adultes ; ce qui paraît d’autant plus remarquable, qu’en hiver, comme je l’ai dit, les jeunes s’avancent ordinairement plus au sud que les vieux. C’est alors que les chasseurs des environs de Charleston ont l’habitude de se poster au bord des étangs salés pour les attendre à la brune, et souvent ils en abattent plusieurs du même coup ; mais on n’a pas d’exemple qu’un seul vieux ait été ainsi tué, dans cette saison.

Le Héron de nuit pénètre rarement bien loin dans l’intérieur du pays ; il se confine plutôt le long de la côte, sur les terrains bas et marécageux. Au delà de