Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/182

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d’en rencontrer, même dans les régions du sud ! Je voudrais que ces personnages-là eussent été avec moi et mon ami Bachman, ou simplement avec quelques-uns des nombreux habitants des districts du sud, qui font le voyage de la Louisiane à la Caroline du Nord : qu’il eût dû leur paraître étrange, à ces savants qui n’affirment la plupart du temps que par ouï-dire, de voir tout un bateau chargé de Hérons de nuit, tués sur les lieux mêmes, dans l’espace de quelques heures, et au cœur de l’hiver !

Ces oiseaux, sauf pendant la saison des œufs, sont défiants et très farouches, surtout les adultes : s’en approcher après qu’ils vous ont aperçu, n’est pas chose facile ; ils semblent connaître la distance à laquelle votre fusil peut les atteindre, guettent tous vos mouvements, et, quand il en est temps, s’enlèvent de leur perchoir. Au moindre bruit, ils partent tous ensemble, en battant vivement des ailes, comme fait le pigeon commun ; et l’on dirait que, dans leur fuite rapide, ils se moquent de votre désappointement. Au contraire, on peut les tuer sans peine, en les épiant aux lieux où ils viennent se reposer pendant le jour. Ils y arrivent ordinairement seul à seul ou par petites troupes ; et, de votre cachette sous les arbres, rien de plus aisé que de les viser à bonne distance, au moment où ils se posent au-dessus de votre tête. J’ai connu des chasseurs qui, de cette manière en tuaient, à deux, de quarante à cinquante, en une couple d’heures. On peut également en tuer, à chaque instant du jour, en les surprenant à l’écart, pendant qu’ils sont occupés à manger, et c’est