Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/192

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et pus admirer l’une des productions de son pinceau, je veux dire la miniature en pied et à l’huile de Bewick, bien dessinée et d’un fini remarquable.

Le vieux gentleman et moi, nous ne nous quittâmes pas ; lui, parlant de mes planches, et moi, de ses gravures. De temps à autre, il ôtait son bonnet et remontait ses bas de laine grise jusqu’à ses culottes ; mais bientôt, dans le feu de la conversation, le bonnet, un instant remis en place, se trouvait, comme par enchantement, tout à fait ramené en arrière, et les bas, abandonnés à leur tendance naturelle, retombaient sur les talons. Les yeux du bonhomme pétillaient d’esprit, et il me donnait son avis avec une vivacité et une franchise qui me charmaient. On lui avait dit que mes dessins avaient été exposés à Liverpool, et il me proposa de venir le lendemain matin, de bonne heure, les voir chez moi, avec ses filles et quelques amis. Me rappelant, de mon côté, combien mes fils, alors dans le Kentucky, désiraient avoir une copie de ses travaux sur les quadrupèdes, je lui demandai où je pourrais me les procurer. — Ici même, me répondit-il ; et sur-le-champ il m’en offrit une magnifique collection.

Cependant, on finissait de prendre le thé ; le jeune Bewick, pour me distraire, prit une cornemuse d’un nouveau modèle, appelée la musette de Durham, et nous joua quelques airs écossais, anglais et irlandais, tous d’un rhythme simple et doux. J’avais peine à comprendre comment il s’y prenait, avec ses larges doigts, pour couvrir chaque trou séparément. L’instrument avait le son d’un hautbois, sans fatiguer l’oreille de ces