Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/194

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déjeuner, l’excellent homme se mit à l’ouvrage, voulant, disait-il en riant, me montrer combien c’était chose facile que de couper du bois ; mais je ne tardai pas à reconnaître que le couper comme lui, ce n’était pas tout à fait un jeu, bien qu’effectivement il parût se jouer de toutes les difficultés. Ses outils, si délicats et d’un travail achevé, étaient tous de sa façon, et je puis le dire en vérité : son atelier est le seul atelier d’artiste que j’aie jamais vu si parfaitement propre et bien tenu. Dans le courant de la journée, Bewick me fit appeler de nouveau, et s’inscrivit sur ma liste de souscripteurs, au nom de la Société littéraire et philosophique de Newcastle. En cela, cependant, son enthousiasme le trompa, car le corps savant pour lequel il s’était si spontanément avancé ne jugea pas à propos de ratifier l’engagement.

Une autre invitation m’étant venue de Gate-Head, je trouvai mon bon ami assis à sa place d’habitude. Sa figure semblait rayonner de joie quand il me prit la main. Je ne pouvais, dit-il, supporter l’idée de vous laisser partir, sans vous faire connaître, par écrit, ce que je pense de vos Oiseaux d’Amérique. Prenez cette lettre ; c’est tout simplement exprimé avec le papier et l’encre ; faites-en l’usage qu’il vous plaira, si tant est que cela puisse être bon à quelque chose. Je mis la lettre non cachetée dans ma poche, et nous babillâmes sur divers sujets, mais toujours en rapport avec l’histoire naturelle. De temps à autre, il bondissait sur son siége et s’écriait : Ah ! que ne suis-je jeune, j’irais aussi en Amérique ! — Quel beau pays ce sera, monsieur Au-