Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/201

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de terres, ce n’est que par une sorte de hasard qu’on peut s’en procurer. Rarement s’avancent-ils haut dans les baies, à moins d’y être forcés par la rigueur de la saison ou la violence du vent. Je les ai trouvés sur nos grands lacs ; mais je ne me rappelle pas en avoir jamais vu sur nos rivières de l’est, à une certaine distance de la mer, là où, au contraire, le Goëland à manteau bleu se rencontre fréquemment.

Vers le commencement de l’été, ces oiseaux vagabonds abandonnent l’Océan et vont prendre, pour un temps, leurs ébats sur les rives sauvages du Labrador, rives sauvages et désolées aux yeux de l’homme, mais charmantes pour eux, et qui leur offrent tout ce qu’ils désirent. L’un après l’autre ils arrivent, les plus vieux les premiers ; apercevant de loin la terre où ils sont nés, ils la saluent de leurs notes bruyantes, joyeux comme le voyageur quand il sent qu’il approche de sa demeure chérie. Plus ou moins tôt chaque mâle s’apparie avec une femelle de son choix, et ils se retirent ensemble sur quelque banc de sable à l’écart, d’où ils remplissent l’air de leurs éclats de rire furieux que répète l’écho des rochers. Pour quiconque aime à surprendre les secrets de la nature, le spectacle, même lointain, de ces tendres rencontres ne manque ni d’intérêt ni d’attrait. Le mâle tourne en s’inclinant autour de sa compagne, et sans doute s’évertue à lui déclarer ainsi son amour ; mais bientôt tout s’arrange à la satisfaction des deux parties, et les jours suivants, on les voit se réunir d’un mutuel accord, sur la grève d’où les eaux se retirent. Tantôt ils mettent leur plumage