Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/205

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bêtes, et ce n’était pas sans un vrai sentiment de compassion et d’intérêt que je les voyais étendus sur le côté, soufflant et pantelants, bien que le thermomètre ne montât qu’à 55 degrés. Ils avaient, pour le chien de mon fils, une antipathie prononcée. C’était pourtant un animal d’un naturel doux et aimant ; ils ne cessaient de le harceler, de le mordre, et le pourchassaient impitoyablement du pont dans la cabine. Quelques jours après notre départ de la baie de Saint-Georges, nous fûmes assaillis par un ouragan et obligés de mettre en panne. Le lendemain un des Goëlands fut balayé par-dessus le bord ; il essaya de regagner le vaisseau, mais en vain, car l’ouragan continuait. Les matelots me dirent qu’ils l’avaient vu nager vers le rivage, qui n’était que trop rapproché pour nous, et où je souhaite qu’il ait pu arriver sain et sauf. Je donnai l’autre à mon ami Green, lieutenant dans l’armée des États-Unis ; et dans une des lettres qu’il m’écrivait l’hiver suivant, il m’annonçait que la garnison s’était prise d’engouement pour le jeune Larus marinus, et qu’il venait à merveille, quoique aucun changement sensible ne se fût manifesté dans son plumage.

Je lis dans mon journal qu’à la baie de Saint-Georges, nos marins prirent beaucoup de jeunes morues, et que tous les jours, on en donnait à nos Goëlands, chacun d’eux ayant de huit à dix pouces de long. Ils étaient curieux à voir lorsqu’ils faisaient effort pour les avaler. La forme du poisson se trouvait marquée tout le long du cou, qu’ils étaient obligés de tenir tendu en avant ; et c’est ainsi qu’ils restaient, le bec ouvert,