Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/207

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mais comme inquiet, et donnant de côté et d’autre de vifs coups d’aile. Pour s’emparer des poissons dont il fait habituellement sa proie, il se laisse glisser légèrement en bas et, en passant au-dessus de sa victime, l’enlève dans son bec. Si le poisson est petit, le Goëland l’avale en volant ; mais lorsqu’il est gros, il se pose sur l’eau, ou gagne le plus prochain rivage, pour faire son repas à son aise.

Quoique silencieux, on peut dire les trois quarts de l’année, ce Goëland se montre très bruyant lorsque arrive la saison des amours, et même tant que les jeunes n’ont pas toutes leurs plumes ; mais ensuite il retombe dans son silence. Ses notes les plus ordinaires, quand on l’interrompt ou qu’on le surprend, sont une sorte de cack, cack, cack ; lorsqu’il fait la cour à sa femelle, elles s’adoucissent, deviennent moins saccadées et ressemblent aux syllabes cawah, cawah, qu’il répète fréquemment, tandis qu’il décrit ses cercles en l’air, au-dessus de sa retraite, ou bien en vue de sa compagne.

Il marche bien, d’un pas ferme et avec un air d’importance, nage légèrement, quoique avec lenteur et sans pouvoir échapper à la poursuite d’un bateau. Il ne sait pas plonger ; mais parfois, en cherchant sa nourriture au long des rivages, il entre dans l’eau pour courir après un crabe ou une écrevisse de mer, et réussit à s’en emparer. Au Labrador, j’en vis un plonger dans deux pieds d’eau environ, après un gros crabe qu’il parvint à tirer sur le rivage, où il le mangea. J’observais tous ses mouvements à l’aide d’une lunette, et pus parfaitement remarquer comment il s’y prenait