Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/21

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en déroute. Quelquefois la troupe se sépare, et plusieurs individus, se détachant soudain des autres, prennent une direction opposée à celle qu’ils suivaient ; puis, au bout d’un instant, comme ne sachant plus où aller, ils descendent, et une fois posés par terre, restent là étourdis et stupéfaits, de façon qu’on peut les tuer à coups de fusil et même à coups de bâton. C’est ce qui arrive assez souvent, m’a-t-on dit ; et moi-même, j’ai plusieurs fois été témoin de pareilles scènes. De violents tourbillons de neige les troublent aussi considérablement ; et quand elles s’en trouvent enveloppées, il y en a qui, en plein jour, vont donner de la tête contre les murs des signaux et des phares. Dans la nuit, la lumière de ces bâtiments les attire, et parfois toute une troupe se laisse ainsi prendre. Un simple changement de temps suffit également pour les arrêter ; et elles semblent en deviner l’approche, car, sans retard, elles font volte-face et reprennent, pendant plusieurs milles, le chemin du midi. Souvent des troupes entières reviennent de cette façon aux lieux qu’elles avaient quittés depuis une quinzaine. Même en hiver, elles savent prévoir avec une grande sagacité les variations de température, et se dirigent tantôt plus au nord, tantôt plus au sud, selon qu’il y doit faire meilleur pour vivre. Cette connaissance de l’état futur du temps est si certaine, que lorsqu’au soir on les voit gagner le sud, on peut prédire qu’il fera froid le lendemain matin, et vice versâ.

Ces oiseaux sont moins farouches quand on les rencontre enfoncés dans l’intérieur des terres que lors-