Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/211

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« Dans le courant de l’été de l’année 1818, un jeune Goëland me fut apporté par un petit pêcheur de New-haven, qui me dit qu’on l’avait pris sur mer, vers l’embouchure du Forth. Il n’était encore revêtu que d’une partie de ses plumes et n’avait aucun mal. Il apprit promptement à se nourrir de pommes de terre et de rebuts divers, en compagnie de plusieurs canards, et devint bientôt plus familier qu’aucun d’eux ; à ce point qu’il venait regarder par la fenêtre de la cuisine, attendant qu’on lui jetât quelque morceau de graisse qu’il aimait par-dessus tout. Il avait l’habitude de suivre ma servante Peggy Oliver aux alentours de la maison, battant des ailes et criant bien fort, pour qu’on lui donnât à manger. Après deux mues, je fus agréablement surpris de voir paraître le manteau noir, ainsi que la forme et la couleur du bec auxquels on reconnaît le larus marinus, ou grand Goëland à manteau noir ; car je l’avais jusqu’alors simplement regardé comme un bel exemplaire d’une espèce plus petite, le larus fuscus, dont je possédais deux individus qui n’avaient jamais voulu permettre au nouveau venu de faire société avec eux. Mon Goëland s’était parfaitement apprivoisé, et je ne crus pas devoir prendre la précaution de lui rogner les ailes pour l’empêcher de s’envoler. Beaucoup de personnes qui venaient chez moi me le vantaient comme l’une des plus superbes mouettes de mer qu’elles eussent vues, et je ne voulais pas le mutiler. Dans l’hiver 1821-1822, je lui donnai pour compagnon un héron mâle qui, blessé sur le marais de Coldingham et apporté vivant à Édimbourg,